Les dégustations de mars

Cher journal des émotions,

Mon attachement aux deux cultures dont je suis issu est profond. Pourtant, l’une des failles à cet attachement me suit régulièrement. Je suis ni amateur de vins de banane rwandais, ni friand de vins français. D’ailleurs je suis incapable de me délecter de la plupart des boissons alcooliques. Non pas pour des raisons religieuses, mais tout simplement parce ce n’est pas ma tasse de thé. Toutefois, ce ne sont pas des variations de thés que je peux offrir à mes invités pour accompagner différents repas.

C’est ainsi qu’un choix de vin à offrir est une épreuve pour moi. Une pincée de jalousie me traverse lorsque je vois des amis ou la famille donner du vin à nos hôtes, et qu’ils le dégustent ensemble en évoquant en quoi c’est un bon cru. Heureusement que parfois je peux remplacer le vin par un autre bien culturel. Un bien culturel que je sais savourer, puis me régaler avec les échanges à son sujet. Certes, un livre ne peut se boire en apéritif, mais il se déguste tel un gran cru. Il suffit d’être un amateur avisé pour s’adonner à cette dégustation.

Lorsque je suis convié chez la famille ou chez des amis, si je connais leurs goûts en lecture, je ne m’embarrasse plus du choix d’un vin. C’est avec un délicieux cru littéraire que je me présente. En ce mois de mars, j’ai eu l’occasion de profiter des avantages de cette démarche. Contrairement au régal de la production viticole, la délectation littéraire est durable. Chaque étape de ce partage convivial est raffinée. Au moment de donner l’ouvrage, celui-ci se présente en quelques mots. Il est primordial de bien choisir ses mots pour faire languir la personne, sans trop en dire au risque de gâcher le suspense. Après des jours, des semaines ou parfois des mois, lorsque la personne a fini de savourer le cru littéraire, vient le moment de déguster les échanges à son sujet. Comme d’habitude, ce fut un plaisir authentique de se dire en quoi nous trouvons que ce que nous avons lu est un chef d’oeuvre.

Expérimenter ces partages à la fois avec la famille et les amis au cours de la même période, m’a fait réaliser que je suis pardonnable de ne pas être un amateur de vins. Parfois c’est même un mal pour un bien. Car lorsque le contexte le permet, je sais remplacer le vin par un plaisir moins éphémère et plus intense.

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