Allaitement d’amour de soi, élévation en amour de soi.

Tomber amoureux. Nous sommes conditionnés à qualifier la première étape de l’amour comme étant une chute. La merveilleuse expérience qu’est l’amour semble être largement perçue comme un piège. C’est ce qu’indique l’idée de cette chute initiale. Inspiré par une âme passionnée, j’ai réalisé que l’odyssée amoureuse peut être comprise sous un autre angle. Celui de l’élévation. Aujourd’hui, plutôt que de débuter par l’idée de « tomber amoureux », mes expériences amoureuses commencent avec la notion de « s’élever en amour ». Cette nuance est essentielle. Dire que « je tombe amoureux » équivaut à proclamer à l’univers que je m’abandonne à une force externe qui m’utilisera. Par opposition, affirmer que « je m’élève en amour » est un auto-encouragement à m’appuyer sur le pouvoir de l’amour pour me hisser vers la meilleure version de moi-même, une aspiration perpétuelle à activer mon plein potentiel. C’est un état si gratifiant, qui requiert une proportion conséquente d’estime de soi et d’amour-propre.

Dans nos relations, nos comportements sont le reflet de l’amour reçu en grandissant. Étant intrinsèquement des êtres sociaux et émotionnels, que nous en soyons conscients ou non, nous sommes marqués à vie par les premières vagues de gestes d’amour qui nous parviennent à notre enfance. Prendre le temps d’analyser avec précision cette période de notre vie, c’est se donner une chance d’avoir une meilleure compréhension des racines de nos actions. Cette connaissance rigoureuse de notre plus profond être peut nous aider à vivre nos relations de manière saine, en toute élégance. Être lettré émotionnellement est aussi vital que savoir lire, écrire et compter. Quand je vois mes neveux et nièces maîtriser l’art de la communication très tôt dans leurs vies, j’en félicite mes frères et sœurs d’être des parents qui s’investissent avec ingéniosité. L’une de mes sœurs est particulièrement inspirante sur ce terrain. Elle et son mari élèvent deux garçons et une fille. La floraison de leur amour-propre est un phénomène fascinant à observer. Une petite fille noire fière de son identité de la tête aux pieds, voilà de quoi faire fondre mon cœur. Surtout sachant que le voyage de cette enfant vers l’amour de soi est intimement lié au talent de ma sœur.

Pendant des siècles, des générations de femmes noires ont été conditionnées à nourrir une profonde haine de soi. De nombreux mécanismes d’un racisme systémique perpétuent des idées nocives et fallacieuses sur ce qu’est être belle et désirable. Des injonctions disséminées abondamment dans la société essayent de faire croire aux femmes noires que leur peau épaisse ébène est laide. Elles se retrouvent à brûler leur cuir chevelu avec des produits chimiques, au lieu de célébrer et d’épouser leur caractère de reine, qui vient avec leur héritage capillaire dans son bel état naturel et frisé. Cette haine de soi a des conséquences désastreuses sur les femmes noires. L’humble contribution de ma sœur pour briser ce sombre cycle me réconforte. Partout où elle va, que ce soit au travail ou en privé, elle marche la tête haute, couronnée par une œuvre d’art faite de ses cheveux, sans produits toxiques. Sa fille grandit en chérissant ses propres cheveux naturels comme étant un lien précieux avec sa mère, le trésor vital utilisé pour leurs coiffures pleines de créativité. Pour cette petite fille, être exposée à une mosaïque éloquente d’histoires de diverses cultures, est aussi fondamental pour son développement. Dans un tel environnement, de saines graines sont plantées dans son imaginaire, la préparant à une vie aux possibilités infinies. Ma nièce sait déjà faire exprimer son âme de plusieurs manières. La danse est l’un de ses moyens de prédilection. Que c’est exquis de la regarder se connecter à différents types de musiques. En phase avec elle-même et la mélodie, elle ne se laisse intimider par aucun regard, que ce soit le mien ou celui d’étrangers. Un tel trait de caractère semble être de bon augure pour sa future capacité à rester elle-même où qu’elle aille. À peine âgée de trois ans, si elle sait déjà s’exprimer avec clarté et sans gêne, c’est en partie grâce à son grand frère qui lui a transmis l’amour des mots.        

Lorsqu’il était à peine âgé de quelques mois, son frère était plus attiré par les livres que par n’importe quel jouet brillant. Aujourd’hui, à six ans, il dévore des livres de centaines de pages en quelques jours. Quant à son éducation en intelligence émotionnelle, elle n’est pas en reste. Ma sœur s’en assure. Et mon neveu n’en perd pas une miette, il savoure. Au quotidien, il y a un moment précis consacré à exprimer ce qu’il a ressenti au cours de la journée et à tenter d’identifier les fondements de ses sentiments. Pour ce rituel, mère et fils se créent un environnement dans lequel la vulnérabilité n’est pas crainte, là où personne ne se sent jugé, tous les deux respirant à plein poumons l’air frais de la compassion profonde. L’un de mes espoirs les plus ardents est de voir ce garçon devenir un homme capable de tirer pleinement profit du pouvoir de la vulnérabilité. Observer sa mère faire preuve d’humilité, aide mon neveu dans ce sens. Car, bien que ma sœur ait de l’assurance dans sa manière d’élever ses enfants, il lui arrive parfois de demander à son fils ainé de lui suggérer ce qu’elle pourrait améliorer dans son rôle de mère. Permettre à ses enfants d’intégrer que leurs voix comptent est crucial pour le développement de leur propre estime ainsi que leur amour-propre, ce qui leur sera bénéfique dans leurs futures relations. L’espérance est que ces enfants soient des personnes portées par l’humilité, ayant assez confiance en elles-mêmes pour ne pas dépendre de l’approbation d’autrui, tout en transpirant l’empathie et en gardant une écoute attentive de leur plus profond être. Leur voyage à la recherche d’un équilibre sain sera fructueux, mon beau-frère s’en assure. Il est l’un des êtres les plus revigorants et bienveillants que je n’ai jamais rencontré. Lui, ma sœur et leurs enfants forment une magnifique équipe, allaitée d’amour-propre et s’élevant en amour de soi. Une famille qui met à profit le pouvoir de l’amour, afin que chaque membre puisse s’élever à sa meilleure version, encore et encore, quel que soit le temps que cela prenne. Tel est le bonheur de l’élévation en amour pour y rester.    

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