Cher journal des émotions,
Le bien-être se tisse. Il n’est pas singulier, il est pluriel. Une pluralité que nous devons à la variété des aiguilles et des fils avec lesquelles nous le tissons. Inconscients ou conscients des métissages culturels qui nous définissent, nous partons chaque jour à la quête de nos bonheurs. Un périple qui peut sembler long et épuisant. Certains se retrouvent cependant bénis par les découvertes de raccourcis des chemins vers le bonheur. L’un de mes raccourcis tient en sept lettres: Kizomba. Le tango africain.
L’Angola a eu la bonne inspiration d’exporter sa musique et sa danse. Un patrimoine culturel issu d’un métissage. Aujourd’hui le tango africain se danse loin de son lieu de naissance. C’est ainsi que je l’ai retrouvé en Irlande après en avoir fait la découverte en France. En arrivant à Dublin, il m’a été expliqué que les irlandais sont certes avenants, mais que les amitiés profondes se créent rarement avec eux. Certains étrangers quittent l’Irlande après plusieurs années, en ayant des amis de diverses nationalités, sauf irlandaise. Toutefois, l’expérience de l’Irlande sous le prisme de la kizomba peut produire un résultat tout autre. Ce fut le cas en ce qui me concerne. J’ai quitté Dublin en comptant parmi mes meilleures amies une irlandaise devenue ma “kizmate” préférée. Ce tango africain m’a fait rencontrer des irlandais différents de ceux que les autres expatriés côtoient. Des irlandais qui peuvent passer une nuit à danser sans boire. Des irlandais qui ne voient pas leurs amis étrangers que dans les pubs, mais aussi aux domiciles. Des irlandais qui vont en vacances avec leurs amis d’ailleurs. La kizomba est cette méditation qui se pratique à deux et qui catalyse la socialisation.
Cette méditation est aussi l’un des raccourcis de ma quête du bonheur. En terme de rythme et de sonorités, la musique kizomba offre une palette riche en couleurs. Dès son écoute, elle embarque l’oreille et le coeur dans un voyage aux mille saveurs. À l’escale où commence la danse, l’esprit se joint au voyage. Le fardeau des angoisses quotidiennes s’envole. Après cinq à six chansons, l’âme prend le large et plane comme sur un nuage. De morceaux en morceaux, je savoure ma promenade sur les sublimes sonorités. Sur une même chanson, il est parfois jouissif de danser au rythme d’un instrument, puis de changer et danser sur la voix du chanteur, et de repartir sur un autre instrument tout en surprenant sa partenaire qui esquisse un sourire de régal.
Si la kizomba est un raccourci vers le bonheur, danser sur un orchestre kizomba en live, c’est le raccourci du raccourci…par lequel il est doux de se faire aspirer par un océan de sonorités apaisantes. Ce que j’ai eu la chance d’expérimenter pour la première fois en ce dernier week-end du mois d’août. À l’occasion de leur fête annuelle, les angolais de Toronto avaient invité Angelo Boss. Un chanteur prolifique angolais qui a trente ans de carrière. L’écouter jouer sa guitare accompagné de son orchestre fut un délice. Quant à la pureté de sa voix, elle ne laissait aucun doute sur son talent. Sur la piste, je me laissai aspirer par l’océan de sonorités apaisantes. Quelle douceur…ce raccourci du raccourci.
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