Cher journal des émotions,
L’existence humaine est faite de choix. Ils sont intrinsèques à la vie. Ils peuvent y mettre fin, ils peuvent la sauver, ou influencer son cours. Pendant dix ans, Sabrina a choisi de garder pour elle une expérience déchirante. Dans son entourage, une seule personne est dans la confidence de son foudroyant conte sans fée. Récemment, à la lecture de mon premier article sur l’infidélité, la jeune femme a fait le choix de me confier la mission de dépeindre son expérience de maîtresse. Dans l’espoir que la complexité de son vécu, contribue à la réflexion sur ce sujet épineux. Par souci de préserver l’anonymat, les prénoms de ce récit sont d’emprunt.
En 2009, son diplôme en poche, Sabrina se réjouissait d’entamer le nouveau chapitre de sa vie, avec ce contrat en hôtellerie. À 23 ans, elle est une jeune femme dynamique et ouverte d’esprit. Par son empathie, elle se plaît à présumer le meilleur des personnes qu’elle rencontre. À ceux qui lui disent qu’elle est naïve, elle répond que la compassion contient plus d’ingrédients du bonheur que l’indifférence. Sans tarder, elle tomba sous le charme d’un collègue de vingt ans son ainé. La théorie du milieu de travail comme haut lieu de la séduction venait de se confirmer pour elle.
Un homme qui la stimulait intellectuellement, était attentionné, courtois et raffiné. Hervé cochait toutes les cases de la liste de ce que Sabrina recherchait chez un partenaire de vie. L’alchimie sensuelle s’opéra entre les deux collègues. Aux yeux de la jeune femme, ils formaient un couple gracieux. Elle se sentait comblée, jusqu’à ce qu’elle découvre qu’Hervé a une femme et des enfants. C’est une amie de celui-ci les ayant croisés, qui décida d’alerter la maîtresse qui ignorait qu’elle en était une. Foudroyée par un cocktail de surprise et de déception, Sabrina confronta celui qu’elle considérait déjà comme l’homme de sa vie.
Le mari infidèle implora sa maîtresse de ne pas mettre fin à leur idylle. Hervé réunit toute la sincérité qu’il lui restait au fond de son château de mensonges, pour décrire à Sabrina comment leur histoire l’avait transporté du cauchemar avec sa femme, au rêve réalisé de la passion. L’ironie du sort, c’est que la jeune femme venait d’effectuer le chemin inverse. Elle était passée du rêve au cauchemar, en apprenant qu’elle était une maîtresse à son insu. Écœurée, elle l’écouta malgré tout. Hervé avait trouvé un havre de paix auprès de son amante, après des années d’enfer avec la mère de ses enfants. Il n’avait pas réussi à trouver le courage de demander le divorce. Il craignait de ne plus voir ses enfants. Par ailleurs, Karine, sa femme, étant issue d’une famille fortunée, il bénéficiait d’un niveau de vie opulent, auprès d’elle. Dans un élan de franchise, l’homme avoua qu’il restait avec sa femme en partie pour son compte en banque. Leur mariage subissait une érosion constante, dans laquelle des torrents de frustration s’abattaient silencieusement sur les époux. Comme de nombreux couples en perdition, ils maintenaient les apparences en présence de leurs amis et leurs familles. Une fois les rideaux refermés, que chacun ne se sentait pas écouté, l’air était irrespirable. Hervé estimait que Sabrina l’avait secouru de son asphyxie, par sa présence et son souffle passionnel.
Prise au piège de l’amour, la jeune femme se laissa attendrir par le plaidoyer de son collègue. Son envie de s’échapper ne rivalisait pas avec le poids de huit mois de passion. Sabrina capitula à son désir d’offrir à Hervé ce que sa femme ne pouvait pas lui offrir. Tolérant qu’il ne soit pas en mesure de divorcer à ce moment, Sabrina exigea que le chemin d’Hervé vers l’honnêteté commence par la preuve qu’il n’était pas avec elle pour le sexe. Plusieurs mois d’abstinence s’écoulèrent. Ce fut une période au cours de laquelle, les liens d’affection n’ont cessé de se renforcer entre les deux amants. En replongeant dans les profondeurs du lac des tentations érotiques, Sabrina a embrassé pleinement son rôle de maîtresse, en apnée. Elle vivait le paradoxe de savourer des plaisirs intenses, tout en retenant sa respiration. Ce n’était pas tenable sur le long terme, considérant ses aspirations. Toutes les précautions quotidiennes pour protéger le secret de sa relation avec cet homme marié, étaient autant d’entraves à son épanouissement de personne ouverte d’esprit et intègre. Soigner les blessures sentimentales d’Hervé, lui offrir une épaule sur laquelle se reposer et un cœur où puiser la force d’affronter son calvaire, représentaient une mission noble pour la jeune femme. Cependant, elle mesurait le danger de conforter cet homme, au détriment de sa propre santé. La question de sa santé prit un tournant crucial quand elle tomba enceinte.
La troisième partie de cette dissertation de juillet est aussi un conte sans fée, relatant la réaction effarante d’Hervé. Cette partie finale est surtout l’écho du chemin tortueux de Sabrina vers cette maternité.
La dissertation de juillet – 3ème partie
Ping: La dissertation de juillet – 1ère partie – Mon journal des émotions capturées
Ping: La dissertation d’août – Mon journal des émotions capturées
Ping: La dissertation de juillet – 3ème partie – Mon journal des émotions capturées