La dissertation de juillet – 3ème partie

Cher journal des émotions,

Ils sont trois en ce mois de juillet. Trois articles sur ce thème délicat à aborder à la première personne du singulier, ou du pluriel. Trois, comme le nombre de protagonistes de beaucoup d’histoires d’adultère. Il n’existe pas assez d’heures dans une journée pour analyser de manière exhaustive ce phénomène de société. Articuler des pistes de réflexion dans un premier temps fut exaltant. Puis, la description de l’expérience de Sabrina, révéla le piège passionnel qui la mena vers sa grossesse de maîtresse. La suite de sa relation avec le mari infidèle ne fut pas un chemin de pétales de roses. Un chemin où sa réalité ne cessait de défier toute fiction.

La perspective de donner la vie avait frappé à la porte de Sabrina, sans prévenir. La transition de maîtresse sans engagement, à future mère n’avait rien d’une évidence. Des mois auparavant, Hervé, père de famille et prisonnier d’un mariage avec une riche héritière, avait fait comprendre à son amante qu’il n’était pas prêt à divorcer. Il semblait inévitable qu’Hervé suspecte la jeune femme d’être tombé enceinte pour le piéger. Consciente de cette réalité, Sabrina explicita qu’elle n’attendait rien de son collègue-amant. Elle savait qu’elle ne réussirait pas à dissiper ses doutes. Mais ça lui était égal. La conviction intime de son honnêteté lui suffisait. Pour autant, elle ne s’attendait pas à ce que sa tolérance de l’absurdité soit mise à rude épreuve par la réaction d’Hervé. Ce géniteur a eu l’audace de proposer à sa maîtresse d’être le parrain de l’enfant, à défaut de le reconnaître.

Enfant, Sabrina a été rendue orpheline dans des circonstances tragiques. Du haut de ses vingt-trois ans, elle en avait déjà vu des vertes et des pas mûres. Néanmoins, aucune expérience ne l’avait préparé à entendre une telle ineptie. Elle ignorait à quel saint se vouer dans sa tentative de digestion de l’idée la plus sotte qu’il lui avait jamais été soumise. Non seulement celui qu’elle considérait comme l’homme de sa vie s’empressa de se dédouaner de la paternité de leur enfant, mais il crut pertinent de lui proposer de l’élever dans un mensonge infâme. Affronter l’éruption hormonale de femme enceinte n’allait pas être de tout repos avec un tel homme à ses côtés. Sa saison de pluie de peines et de rivières de larmes ne faisait que commencer. Dans un tel paysage, il est commun de constater que les ennuis volent en escadrille. Dans la foulée, surgirent les attaques de Karine. Le cœur de l’épouse, et mère des enfants d’Hervé, venait d’être tailladé par la correspondance entre le mari et la maîtresse. Elle s’était imposée le supplice de lire leurs messages pendant des heures. Pour inhiber son chagrin, elle harcela Sabrina par téléphone. Son objectif : l’ensevelir sous une litanie de noms d’oiseaux. À ses yeux, elle était la briseuse de couple, essayant de lui voler son mari en lui faisant un enfant dans le dos.

Le quotidien de Sabrina devenait de plus en plus insoutenable. Passer la journée avec son collègue-amant, qui préférait être parrain pour fuir la paternité, puis rentrer et recevoir de plein fouet les messages d’insultes de l’épouse trompée, n’était pas de tout repos. Elle vivait dans un tourbillon permanent d’angoisse. Elle savait pertinemment que se laisser retourner constamment les entrailles par ce couple, mettait en péril sa santé et celle de son enfant. C’est ainsi qu’elle décida de démissionner de son travail, de quitter Hervé, et de rayer Karine de son existence. Les êtres mis en danger par ce tumulte n’en sortirent pas indemnes. Une fausse couche emporta le bébé, laissant Sabrina anéantie.

C’est avec un deuil et une rupture sous les bras que la jeune femme allait désormais se frayer un chemin sur la route du bonheur. Elle s’était souvent promis qu’aucune tragédie de son parcours n’entamera sa foi en la beauté de la vie. Malgré cela, elle se tenait dangereusement au bord d’une falaise aux roches de la dépression, un cocktail d’émotions explosives à la main. Elle ne trouvait pas à qui se confier pour désamorcer la bombe à retardement en elle. Le poids du stigmate de maîtresse, condamnée d’avance comme briseuse de couple, pesait lourdement sur la jeune femme. Puis en y regardant de plus près, elle en était à se demander, qui a brisé qui, dans l’histoire qu’elle venait de vivre. Elle préféra ne pas se lamenter longtemps sur son sentiment d’avoir été victime du couple.

Une année de séjour à l’étranger plus tard, c’est une Sabrina remise sur pied qu’Hervé essaya de reconquérir. Tentant de lui faire croire qu’il avait enfin réussi à quitter sa femme. En réalité, Karine l’avait mis à la porte, vendu son appartement et changé de pays. Hervé n’avait donc pas perdu ses réflexes mensongers. Sabrina n’allait plus manger de ce pain-là. Son équilibre émotionnel était sa priorité. Quant à son deuil, il était passé par des lettres à son enfant. La thérapie des maux par les mots n’a pas de prix. Elle a de l’emprise.

La dissertation de juillet – 2ème partie

La dissertation de juillet – 1ère partie

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